Jésus face au divorce
C’est le titre d’un livre du dominicain Louis Dingemann. L’auteur, en partant des très rares passages de l’Evangile ou il est question de situations matrimoniales, montre comment l’attitude du Christ est à la fois plus exigeante , mais aussi infiniment plus miséricordieuse que nos attitudes actuelles liées par une discipline qui repose davantage sur la peur que sur le bien des fidèles. Organiser la pastorale des divorcés Confrontées à la multiplication des divorces, les communautés chrétiennes, mais aussi les familles, sont appelées à des responsabilités nouvelles. Pour redonner au sacrement du mariage sa véritable signification et en même temps augmenter les chances de stabilité et de bonheur des couples mariés, la nécessité d’une double préparation est nécessaire : une catéchèse renouvelée, enseignant l’essentiel d’une foi adulte ; une formation aux réalités de la vie matrimoniale. Ceci a déjà été souligné lorsque nous avons parlé de l’évangélisation du mariage. En même temps, il a été noté déjà qu’une telle préparation demande des délais. Elle exige aussi que soient formées des équipes de laïcs responsables de ce ministère et soutenus par des prêtres. La formation d’équipes pastorales bien formées est évidemment aussi souhaitable pour l’accueil des personnes divorcées, isolées, en voie de remariage ou remariées civilement. De telles équipes existent déjà dans certains diocèses. Elles devraient être constituées selon les besoins régionaux. Leur organisation se heurte cependant à certaines résistances de la hiérarchie qui craint qu’elles ne prennent trop de liberté avec le droit canonique. Des résistances se rencontrent aussi de la part de prêtres soucieux d’une certaine autonomie dans l’exercice de leurs responsabilités pastorales. Ils craignent que soit mis en place un réseau de responsables qui auraient droit de décision et qui instaureraient ainsi une nouvelle organisation judiciaire plutôt qu’un accompagnement pastoral. Sur ce point ils ont raison. Il serait dangereux d’instituer en ce domaine de nouveaux tribunaux ecclésiastiques. D’autres craignent qu’une pastorale spécialisée crée un monde à part des divorcés remariés aux dépens de leur intégration dans les communautés normales. N’y a-t-il pas aussi quelque danger de démission pour le prêtre consulté qui répond : « Moi, je ne puis rien pour vous, mais allez voir untel qui s’occupe de ces choses ? » Ces objections sont de valeur. Cependant, beaucoup de prêtres reconnaissent qu’ils n’ont pas tous les charismes, et notamment pas celui-là. Une instance d’accompagnement et de formation des consciences, qui ne soit pas judiciaire, leur paraît d’autant plus souhaitable que, en Occident, le nombre de prêtres est en diminution et ne peut répondre à toutes les tâches requises pour un accompagnement personnalisé des chrétiens qui demandent leur aide. Célébrer un remariage? Des divorcés remariés ont été aidés à comprendre les conditions requises pour agir avec rectitude. Ils témoignent que leur conscience est en paix. Certains en concluent d’eux-mêmes que la réception des sacrements leur est permise en conscience. D’autres demandent cependant une autorisation qu’il n’y a plus de raison autre que légaliste de leur refuser. Certains qui ne sont pas encore remariés veulent consacrer leur nouvelle union et demandent une célébration religieuse qui manifeste qu’ils ne sont pas exclus de la communauté chrétienne mais au contraire en font faire pleinement partie. Dans les circonstances actuelles, certains évêques ont pris sur eux, et malgré le droit, d’autoriser des réunions de prière qui comportent une bénédiction des nouveaux époux. Ils mettent parfois des conditions à ces célébrations : d’abord qu’elles se déroulent en dehors de l’église paroissiale et un autre jour que le mariage civil ; ensuite que soit évité l’échange des consentements et des anneaux car ces rites sont caractéristiques du mariage sacramentel et peuvent prêter à confusion. Des prêtres, et c’est mon cas, préfèrent célébrer une eucharistie quand il s’agit de personnes profondément chrétiennes. Dans la mesure même où, toujours en conscience, elles demeurent habilitées à recevoir les sacrements, n’est-ce pas l’Eucharistie qui manifeste le mieux l’offre permanente du salut en Jésus-Christ crucifié, qui nourrit leur projet de vie chrétienne, qui dit leur communion avec les autres chrétiens? L’essentiel est ainsi rendu présent: l’accueil du Christ et de la communauté chrétienne à des frères dans la foi. Bien préparée ensemble, faisant place à des paroles vraies, de telles eucharisties ne laissent indifférent aucun des croyants qui y participent. Aujourd’hui, il convient qu’une telle célébration soit non pas secrète mais discrète. Il faut que le sens puisse en être expliqué à un cercle restreint de parents et d’amis, bien au courant de la situation. Il est néanmoins très regrettable que ces célébrations liturgiques demeurent en marge de la discipline canonique de l’Église romaine. À plusieurs reprises dans ce dossier, il a été souhaité que cette dernière, à l’instar des Églises orthodoxes, reconnaisse ouvertement la légitimité de certains remariages. La reconnaissance de la destruction irrémédiable d’une union ne peut-elle avoir des conséquences à la fois différentes mais analogues à celles tirées lorsque la nullité d’une première union est juridiquement reconnue par l’Église ? N’y a-t-il vraiment aucune sacramentalité dans le remariage de ceux qui, en toute honnêteté, s’engagent en une nouvelle alliance dans le Seigneur ? Le danger d’abus, qui peut être prévenu par une vraie formation des consciences, est-il plus grave que le danger de rigorisme ? Dans le cas où de tels remariages seraient reconnus, un rituel particulier devrait permettre d’en dégager la signification dans la doctrine de l’Église. Cette dernière n’est-elle pas messagère de la gratuité du salut dispensé par Dieu ? N’y a-t-il pas place dans son enseignement pour une théologie de l’échec salutaire ? Une telle révision de son comportement à l’égard des divorcés serait surtout le témoignage de la fidélité de Dieu et que l’Évangile est vraiment « Bonne Nouvelle » pour tous les hommes et femmes de bonne volonté. Extaits du livre de Louis Dingeman « Jésus face au divorce » 2004 édition Racine , Fidélité
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question sur la communion
Lorsqu’on voit des couples de Chrétiens vivant une nouvelle union, ayant une vie paroissiale bien vivante, il est difficile de ne pas sentier et partager la souffrance que cela peut être de se trouver exclu de tous les sacrements (pas seulement de l’Eucharistie, mais aussi du pardon, de la confirmation et du sacrement des malades). Qu’ils acceptent par pure obéissance la discipline ou qu’ils ne la respectent pas et aient choisi en éclairant leur conscience, de reprendre le chemin de l’Eucharistie, ils ne sont pas sereins ; Saint Paul nous explique que nous ne formons qu’un seul corps et que lorsqu’un membre souffre, c’est tout le corps qui souffre….La communauté, rassemblée au nom du christ, pour célébrer l’Eucharistie, est-elle en pleine joie de la communion si elle exclut pour toujours certains de ses membres ! Le Christ est venu nous annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile qui permet de transformer nos chemins de mort en chemin de vie, comment ces couples peuvent-ils vivre dans cette souffrance sans espérance de résurrection ? Dans l’attitude de certains Laïcs ou clercs, qui disent que ces couples « vivent dans le péché », il y a inconsciemment ou consciemment, l’idée que si ces couples , avaient accès, comme eux, à l’Eucharistie, cela ne serait pas juste vis-à-vis de tous ces couples qui ne divorcent pas et qui s’efforcent depuis des années de sauver leur couple, quitte à vivre et faire vivre, pour certains, des situations insupportables. Je pense alors à l’Évangile des ouvrier de la dernière heure ….il faut se poser la question « qu’est-ce que cela m’apporte ou me retire à moi, qui ne suis pas un couple vivant une nouvelle union, que les couples DR puissent aussi participer à la communion sacramentelle au sein de nos communautés ? Est-ce que cela amoindrit « la grâce » reçue, limite ma relation personnelle au Christ, ne suis-je pas au contraire amené à me réjouir de voir revenir le frère comme dans l’Évangile de Luc au chapitre 15, le père et les deux fils). Refuser d’entrer dans la salle de fête où mon frère est présent et où mon père, notre père, me presse d’entrer n’est-ce pas m’exclure finalement de la communion ecclésiale ( Benoit XVI, sacramentum caritatis 15 )? En conclusion Lorsque je m’avance dans la « file de communion » au milieu de la communauté qui célèbre , et que je laisse sur leur banc un certain nombre de couples qui ont choisi de ne pas recevoir la communion sacramentelle, je prie l’Esprit Saint pour qu’il nous aide à trouver un chemin de résurrection, car, j’ai le sentiment, que tant que tous les « invités » qui entendent la parole liturgique « prenez et manger en tous, ceci est mon corps livré pour vous » ne seront pas présent autour de la table, ma joie, la joie de toute la communauté ne peut pas être parfaite.
Nous les bonnes familles
Nous les « Bonnes familles » Certaines voix ont murmuré très fort que, lors des points abordés par le synode, on avait un peu oublié « les bonnes familles », et que les débats tournaient tous autour des situations de couples et de familles plus fragiles, voire irrégulières. Sans chercher à définir tout d’abord plus précisément ce qu’est une « bonne famille », je suis surprise de leur étonnement : Dans l’Evangile, le Christ nous répète sans cesse qu’il est venu, non pas pour les bien-portants, mais pour les malades, les brebis égarées, ceux qui se sont mis en rupture d’amour….Ne laisse-t-il pas ses 99 brebis pour aller chercher celle qui a fugué ! Et c’est exactement ce qui se traduit dans les préoccupations synodale : comment retrouver, rejoindre, accueillir, ramener, redonner toute sa place au sein de la communauté, à ces chrétiens , à ces personnes qui se sentent exclus ou qui se sont exclus eux-mêmes de l’Eglise, à ces familles un peu bancales, à ces couples remariés qui sont partis, et à ceux qui restent en vivant difficilement de ne pas pouvoir participer pleinement à la communion eucharistique.( et à tous les autres sacrements ). On pourrait même se demander à la lecture de l’Evangile: « le Christ aime-t-il les bonnes familles ?» Certes, il a posé son regard sur Zachée, sur la samaritaine, sur Pierre et sur tant d’autres que les Pharisiens considéraient comme des pécheurs, mais il a également regardé le jeune homme riche avec amour, il a salué la droiture de Nicodème, il a eu comme amis, Lazare, Marthe et Marie que je rangerais volontiers du coté des bonnes familles. Si le Christ laisse ses 99 brebis dans le pâturage, ce n’est pas parce qu’il ne les aime pas, mais bien parce qu’il leur fait confiance : il les confie les unes aux autres….ce sont de bonnes familles ; comme le « bon » samaritain, elles sauront se faire proches les unes des autres et le troupeau ne sera pas dispersé et sera prêt à accueillir la fugitive…. D’ailleurs, nos bonnes familles sont effectivement bonnes lorsqu’elles accueillent totalement, avec amour, tous leurs enfants à la table familiale, leurs enfants mariés, leurs enfants qui cohabitent, leurs enfants qui divorcent, leurs enfants qui se remarient, leurs enfants homosexuels. Et c’est bien ce qu’elles font, dans leur grande majorité : leur premier prochain c’est leur propre famille. Et c’est pour cela qu’on peut les appeler « Bonnes familles » Alors, certaines de ces familles, engagées dans leur paroisse, faisant partie du peuple de Dieu, membre de l’Eglise, s’étonnent que cet accueil qu’elles vivent ne soit pas davantage répandu et que l’Eglise elle-même soit si craintive à inviter toutes les communautés à oser vivre pleinement cet accueil inspiré par le Christ.